Homélie du 29ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 13 octobre 2012
Le serviteur souffrant
Textes bibliques : Lire
La liturgie de la Parole nous a proposé un passage du livre d’Isaïe extrait du 4ème chant du serviteur de Dieu. Ce texte nous parle du “serviteur souffrant”. La question a été posée : qui est ce serviteur inconnu ? Le prophète rejeté par les siens ? Un roi fidèle au Seigneur qui aurait été renversé ? Un simple fidèle persécuté pour sa foi ? Le peuple en exil sur une terre étrangère ? Tous les croyants qui connaissent des situations difficiles peuvent s’y reconnaître. Mais nous, chrétiens, nous voyons dans ce personnage une annonce de Jésus serviteur de Dieu.
Ces quelques lignes nous invitent à réfléchir sur le sens de la souffrance et du sacrifice. Tout d’abord, une mise au point s’impose : la souffrance et la maladie sont un mal qu’il faut combattre par tous les moyens. La souffrance en elle-même n’a pas de sens. En revanche, la personne qui souffre se trouve devant un choix. Au lieu de se laisser écraser et détruire par cette épreuve, elle peut s’en servir pour sortir de son isolement. Quand le Père François a fondé la Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées, il disait : “La Fraternité c’est un malade qui va vers un autre malade et ensemble, ils vont vers un troisième”. C’est ainsi qu’ils apprennent à progresser ensemble vers une plus grande plénitude de vie.
Ce don de soi, nous le trouvons pleinement réalisé dans la personne de Jésus. C’est ce que vient nous rappeler la lettre aux Hébreux. Elle nous présente le Christ comme le “grand prêtre” qui a partagé nos épreuves, qui nous fait grâce et nous obtient la miséricorde. Ce prêtre est celui qui fait le lien entre la terre et le ciel. Il parle des hommes à Dieu et de Dieu aux hommes. Il est Celui qui intercède pour tous les hommes. Le Concile Vatican II nous a aidés à retrouver le sacerdoce ministériel mais aussi celui des baptisés. Les uns et les autres, nous avons tous à faire miséricorde, à pardonner, à aider et à prier pour nos frères. C’est ainsi que nous deviendrons de vrais témoins du Christ. C’est une façon de partager le sacerdoce du Christ.
L’Evangile vient apporter un chemin nouveau à ce chemin de conversion. Tout commence par le rêve de Jacques et Jean : “Accorde-nous de siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ton Royaume” (Luc 10. 37). Ils ont bien compris que la gloire de Jésus n’est pas celle dont parle le monde. C’est celle qu’ils ont contemplée le jour de la Transfiguration. Aujourd’hui, nous les voyons réclamer une participation à cette gloire. Jésus profite de cette demande pour faire une mise au point. Sa réponse vaut pour eux mais aussi pour ceux qui les entourent. Il leur donne un enseignement très fort sur l’abaissement suprême, le renoncement total à soi-même. C’est ce que lui-même se prépare à vivre.
Pour évoquer ce qui l’attend, il parle de coupe et de baptême. Cette coupe, il la boira en portant sur lui le péché des hommes. Identifié aux pécheurs, il subira les conséquences du péché. Quand au baptême dont parle Jésus, c’est celui de sa Passion et de sa mort. Il sera plongé dans un abîme de souffrances. Jacques et Jean boiront à cette coupe. Ils recevront le baptême dans lequel Jésus va être plongé. Le livre des Actes des Apôtres nous parle de leur martyre. Ce sacrifice de leur vie leur donnera d’entrer dans la gloire de Jésus. Mais la place dans la gloire, personne ne peut en décider. Cela reste caché dans le mystère de Dieu.
Cet évangile est une invitation très forte à remettre les choses à leur vraie place. Pour devenir grand, il faut se faire serviteur. Ce qui commande tout, c’est la loi d’amour et le don de soi. Sur ce chemin de conversion, nous pouvons prendre le Christ pour modèle et pour guide : “Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir” jusqu’au bout, jusqu’à donner sa vie pour la multitude. C’est en regardant vers la croix du Christ que nous comprenons mieux toute la portée de ce don de soi.
Nous n’avons pas à juger Jacques et Jean. Leur tentation est souvent la nôtre. C’est ce qui arrive quand nous ne pensons qu’à nos avantages, quand nous sommes tentés de nous faire servir au lieu de servir, quand nous sommes tentés de prier pour que le Seigneur fasse notre volonté. Mais le Seigneur est là pour nous aider à remettre notre vie à l’endroit. Il nous appelle tous à marcher à sa suite, à la place du serviteur. Retrouvons avec Jésus la dernière place, là où l’on sert les hommes et là où l’on sert Dieu.
Par la célébration eucharistique, le Seigneur nous redit qu’il est le Corps livré pour tous. Il nous offre sans cesse le sang versé pour la multitude. Il nous appelle à le suivre sur ce chemin et il nous en apporte les forces et la grâce. En ce jour nous te prions Seigneur, donne-nous d’entrer dans ta prière et de travailler à ton règne, comme toi. Donne-nous force et courage pour chercher non à être servi mais à servir. Amen
Sources : Signes, Feu Nouveau, Avec Saint Marc (C. Patier), Homélies du dimanche (L. Soulier), Semainier chrétien 2012-2013
Merci d’avoir dit que la souffrance et la maladie sont un mal qu’il faut combattre. Dans bien des cas, on ne sort pas du jansénisme…
Que le Seigneur vous bénisse !
MM
Merci pour votre message! J’y ai appris une belle leçon sur l’humilité et le service, le don de soi! Merci beaucoup, que Notre Seigneur vous bénisse.
la souffrrace et la maladie sont liées à l’existence de l’homme c’est-à-dire qu’elles font partir de notre condition d’homme. c’est pourquoi, il ne faut pas penser que le chrétien ne souffre pas car notre maître jésus a connu lui même la souffrance. cepnedant la souffrance ne peut être une fatalité, il faut l’assumer et chercher à sortir de la souffrance dans la foi et l’espérance.
Révélation ! – 29ème Dimanche 2012 – 21 octobre –
Jeudi 11 octobre, à Rome, officiellement, a débuté l’Année de la Foi. Elle coïncidait avec le cinquantenaire du Concile Vatican II, institué par le bon Pape Jean XXIII. Il a apporté un dynamisme à l’Eglise catholique, plus ouverte sur le monde d’alors, et a mis en marche tout un mouvement pour proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.
50 ans après le Pape actuel Benoît XVI, vu la tournure des évènements, a jugé bon de « raviver l’Eglise » par une nouvelle Evangélisation pour lui faire retrouver l’élan du Concile, en se centrant sur Jésus Christ.
Jésus, en Israël, né de Marie, est Fils de l’homme, même si les conditions de naissance ne sont pas habituelles. Aussi bien que Jules César ou Vercingétorix, son existence terrestre et humaine n’est mise en doute par aucun historien sérieux. Sa qualité de Fils de Dieu, elle, est plus contestée. Les enseignements de son Eglise rapportés par ses disciples, ses apôtres, St Paul en particulier, ont répandu sa connaissance, tout son parcours terrestre, jusqu’à sa mort, sa résurrection et son ascension. Ses paroles, ses miracles, ses innombrables guérisons, ses expulsions démoniaques ; toute sa vie, sont témoignage de son amour et de sa divinité.
Pourquoi faut-il que tant d’hommes et de femmes, même parfois baptisés, n’adhèrent pas à sa connaissance : Messie, Dieu qui aime l’humanité et a voulu toujours faire Alliance avec elle ?
Dieu est Amour, voilà sa grande, sa splendide Révélation ! Et il veut nous conduire à la même royauté, sienne maintenant auprès du Père. La résistance humaine à cette démarche est souvent celle de l’orgueil qui veut évacuer Dieu, vivre sans Lui, extirper même son nom.
Dans la liturgie de ce jour, la lettre aux Hébreux nous dit : « En Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence ; tenons donc ferme dans l’affirmation de notre foi » C’est cette foi qu’il nous faut découvrir ou retrouver pour donner sens à notre vie, voir où elle nous conduit, et prendre le chemin pour y accéder. Jésus est ce Chemin ! « Il a connu l’épreuve comme nous, et il n’a pas péché » ; « Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout puissant »
La 1ère lecture du prophète Isaïe ne se comprend parfaitement, elle aussi, qu’en lien avec Jésus. « Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur » Quel meilleur serviteur de Dieu que son Fils ? « Il fait de sa vie un sacrifice d’expiation ». Toute sa vie mais particulièrement sur la croix Jésus a offert sa vie en sacrifice. « Il justifiera les multitudes, se chargera de leurs péchés » N’a-t-il pas porté en lui tous les péchés de l’humanité ? « Il verra la lumière, il sera comblé » Après sa résurrection il est maintenant dans la lumière de l’Esprit auprès du Père.
Dans l’Evangile (Marc 10, 35-45) se pose la question du chemin à parcourir pour advenir au Royaume des cieux. Les apôtres Jacques et Jean disent à Jésus : « Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande : siéger l’un à ta droite, l’autre à ta gauche, dans ta gloire » – « Vous ne savez pas ce que vous demandez » dira Jésus ajoutant : « pouvez-vous recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Précisons que son baptême Jésus l’a reçu en 2 temps : le 1er de Jean Baptiste où la présence en lui de l’Esprit Saint est figurée par l’image d’une colombe, et où se fit entendre la Parole de Dieu : « Celui-ci est mon fils bien-aimé » ; en 2ème temps évidemment sa crucifixion. Notre propre baptême doit lui aussi se vivre, et avec la célébration liturgique, et jusqu’à notre mort, dans l’Esprit d’amour.
« Nous le pouvons » ont répondu Jacques et Jean. « Vous le recevrez » (et dans quelles conditions de martyrs pour les apôtres et bien des disciples !) ; « quant aux places à ma droite ou à ma gauche, il y a ceux pour qui ces places sont préparées » Jésus en profite pour indiquer à ses disciples qu’il ne faut pas se tromper de grandeur. Il n’est « pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude »
Voilà le chemin de la foi avec Jésus Christ : l’humilité et le service des autres dans l’oubli de soi. Pas facile ? D’accord ! Accrochons-nous à Jésus, 1er de cordée en son Eglise ; munissons-nous dans la foi des chaussures à clous de la persévérance, du piolet de la fidélité, et grimpons avec lui le sentier de l’amour.
Marie, mère bien-aimée du ciel, saura nous y aider !
Je n’ai pas compris que vous dites que le Livre des Actes des Apotres, nous parle du martyre de Jacques et Jean. Je ne trouve pas ce passage.
Merci de m’eclairer.
Gabriel, votre lecteur assidu.